9jours
de trek
100km
parcourus
3600m
D+
3.5
jours absolument seuls
La Norvège regorge de parcs nationaux sublimes et en choisir un n’est pas forcément facile car il mérite tous d’être découverts. Après quelques temps de réflexion, notre dévolu s’est porté sur le parc national du Dovrefjell-Sunndalsfjella en combinant avec Innerdalen, l’une des plus belles vallées de Norvège. On vous invite donc à nous suivre durant les 9 jours de ce trek de printemps, loin du monde et dans de magnifiques paysages.
Dovrefjell-Sunndalsfjella, Innerdalen et itinéraire
Le Parc National du Dovrefjell-Sunndalsfjella
Situé au sud de Trondheim et à l’est d’Ålesund, le Parc National de Dovrefjell-Sunndalsfjella couvre une superficie de 1693km². Le parc est surtout réputé pour la présence unique en Europe continentale de boeufs musqués, des mamifères reliques des temps préhistoriques. Le parc s’articule autour du Snøhetta, une belle montagne haute de 2286m.
Les boeufs musqués sont de gros mammifères de la famille des chèvres contrairement à ce que leur nom indique. Relique de l’age glaciaire, on les trouve aujourd’hui au Canada, au Groenland, un petit peu en Sibérie et pour quelques dizaines de têtes dans le parc du Dovrefjell. Ces derniers ont été réintroduis après extinction due à la chasse.
Avec un poids pouvant atteindre 300kg, les bœufs musqués sont de grands mammifères n’hésitant pas à charger si ils se sentent menacés. Courant le 100m en 6s vous aurez peu de chance de vous échapper. Une certaine prudence s’impose donc, surtout en présence de petits. Les guides locaux préconisent de garder une distance de 300m.
Le parc est principalement constitué de toundra : des herbes rases, de la mousse et du lichen. Les arbres disparaissent très vite avec l’altitude.
S’y rendre :
Le parc est aisément accessible en transports en commun. En effet la ligne de train Oslo-Trondheim contourne toute la partie sud et est du Dovrefjell. Vous aurez donc diverses choix :
- Dombås : petite ville au sud
- Hjerkinn : station de montagne avec une auberge de jeunesse
- Oppdal : la ville du coin avec tous les services qu’il faut. Une bonne base pour rayonner.
La partie nord est accessible en bus grâce à la ligne 901 au départ d’Oppdal et en direction de Kristiansund. Vous trouverez les infos ici : Horaires du bus 901
Innerdalen
Un petit peu au nord-ouest du Parc du Dovrefjell se trouve la magnifique vallée d’Innerdalen. Le site « Visit Norway », la nomme même « la plus belle vallée de Norvège ».
La vallée est aisément accessible et propose des logements en refuges et un camping qui a été élu « Plus beau camping d’Europe » par le Guardian ! Que de superlatifs pour ce lieu.
S’y rendre :
Pour s’y rendre nous avons pris le bus 901 depuis Oppdal et nous sommes descendu à Ålvundeid rv. 70. Pour la longue portion de route avant de débuter le chemin, nous avons fait du stop. Il y a un peu de passage nous n’avons pas attendu très longtemps.
Itinéraire
Nous avons commencé par rejoindre Oppdal depuis l’aéroport d’Oslo en train (rapide et pas très cher) puis de là nous avons pris le bus 901 en direction de Kristiansund. Nous nous sommes arrêté à Ålvundeid rv. 70 en direction d’Innerdalen. Nous avons récupérer la route 70 depuis la vallée en coupant par les montagnes. De là nous avons rejoint en bus l’arrêt nommé Lønset après un détour d’une nuit à Oppdal. Nous avons ensuite traversé le Dovrefjell selon une direction globale nord-sud pour arriver à Hjerkinn d’où nous avons repris le train pour Oppdal.
Vous retrouverez l’ensemble de la partie marchée ci-dessous (téléchargeable) :
Refuges
Le système de refuge norvégien est différent du nôtre. Alors qu’en France les refuges sont souvent gardés et reste en partie ouvert l’hiver, ici nombreux sont les refuges sans gardiens et qui nécessite une clé pour être ouvert été comme hiver.
Cette clé est disponible en adhérant à l’association norvégienne de trekking, le DNT. On peut alors emprunter ou recevoir une clé pour accéder aux refuges. ATTENTION : les refuges ne proposent pas d’abri d’hiver en général !
Vous trouverez les infos nécessaires ici : https://english.dnt.no/
Jour 1 - Innerdalen
10h, le 11 juin 2019, nous sommes dans le bus 901 en direction de l’embranchement qui va nous mener à Innerdalen. Je suis avec Arthur avec qui j’ai déjà fait le GR R2 à la Réunion. 3 ans que l’on ne s’est pas vu mais nous voilà au milieu de la Norvège partis pour 9 jours de trek. Nous sommes arrivés hier à Oppdal après un rapide voyage en avion vers Oslo puis en train.
Le bus s’arrête au niveau d’un arrêt perdu sur la route. Nous descendons. On met les sacs, on règle le tout et on est parti en direction de la vallée.
Cette première portion est une route goudronnée sur 10km qui fait mal aux pieds… On marche mais on essaie le stop quand une voiture nous dépasse. Cela fonctionne au bout de 20-30min. Un couple sympathique de norvégiens qui sont du coin et qui montent dans Innerdalen pour le week-end.
Arrivés au bout de la route, il ne nous reste que 3km à faire. Il fait chaud aujourd’hui, on enlève donc une couche et on se remet en route. Le début du chemin est agréable, cela ressemble à ce que l’on peut trouver en forêt en montagne. Les paysages environnants sont beaux mais on ne voit pas très bien avec les arbres. Mais voilà, encore une petite montée et un virage et Innerdalen se dévoile à nous, merveilleuse.
J’avais vu quelques photos avant de partir mais je dois avouer que voir la vallée comme ça dans toute sa beauté laisse bouche-bée…
Encore 15min de marche et nous voilà à Renndølsetra. C’est une ancienne ferme d’été dans le plus pur style norvégien. Aujourd’hui c’est un gîte, le site est vraiment beau. On papote un peu avec le gardien pour savoir où bivouaquer. Il nous dit que sur les hauteurs de la vallée, le terrain est détrempé à cause de la fonte des neiges. Il nous conseille donc de rester dans le coin. C’est ici qu’il y a le plus beau camping d’Europe d’après le Guardian. Comme le camp n’est pas encore officiellement ouvert il nous laisse nous installer gratos ! Super sympa ! On se prendra tout de même une bière pour participer un minimum.
Nous allons poser les sacs plus loin sous le sous-bois avant d’aller nous balader un peu dans la vallée. On passera devant la Innerdal Turishytte qui offre également un beau site pour passer la soirée.
Une fois notre petit tour finir, nous retournons à nos sacs. On pose le camp non loin de l’eau. On allume un petit feu et on s’installe pour profiter de la fin d’après-midi sous un grand soleil. Quel bonheur. Tout est parfait : le site, le paysage, le petit feu.
Cela n’aura pas été une grosse journée (au final environ 5km de marche) mais cela nous va bien, on peut profiter ainsi. Nous nous couchons sous le soleil. En effet pas de nuit à cette saison, il va falloir s’y habituer mais le ruisseau à côté nous berce suffisamment pour nous endormir rapidement.
Jour 2 - De Innerdalen vers le Dovrefjell
La nuit a été bonne et pas si froide. L’objectif de la journée est simple : rejoindre « l’entrée » du parc de Dovrefjell en traversant les montagnes vers le sud.
On se met donc en route après le petit déjeuner et l’empaquetage du camp. Il fait grisou aujourd’hui voir même un peu bruineux.
Le début de la randonnée mène vers un petit pont qui permet de traverser la rivière. On attaque ensuite une montée raide qui mène à la Flatvaddalen entre 700 et 900m d’altitude. Ce passage sous la grisaille est un peu tristoune mais offre tout de même de belles vues.
Cette portion assez plate, est bien humide du fait de la présence de nombreux lacs et zones marécageuse. De plus, nous sommes tôt dans la saison, il reste donc beaucoup de neige sur les hauteurs et celle-ci fond à tout va, ce qui ajoute à l’humidité ambiante de la petite vallée.
Son extrémité sud offre une belle vue sur la Sunndalen. De là le chemin bifurque à flan de falaise vers l’est. Nous ferons notre pause du midi à l’embranchement de la Tverrådalen qui pour le coup est tout en neige.
Cette portion est plaisante notamment grâce à la vue. C’est un peu plus loin que ça devient moins drôle. En effet on se lance ensuite dans 700m de dénivelé négatif dans un terrain qui fait mal aux genoux, nos sacs lourds de la nourriture pour les 8 prochains jours n’arrangent rien.
On atteindra Eiriksvollen en milieu d’après midi. Nous voulions y rester pour la nuit mais la cabane est fermée à clé… Pas grave, en plus on repère un tique ici, on va donc essayer de faire du stop pour aller à Grøa car on y a repéré un camping. On sera prit après un peu d’attente par le bus scolaire qui fera même un détour pour nous déposer. Arrivés sur place, on tourne sur le terrain du camping pour trouver la réception mais rien… étrange. Une dame sort pour nous demander ce que l’on cherche, on lui explique et nous répond sans beaucoup d’amabilité qu’ici c’est un camping privé et qu’on ne peut pas rester… Il faudra m’expliquer le principe mais tout est-il qu’on se retrouve le bec dans l’eau. Bon… Après concertation on décide de retourner à Oppdal car on y trouvera de quoi dormir et puis il faut qu’on revoit un peu le début du chemin car niveau planning on est pas au top.
En retournant vers la route principale, nous croiserons un car qui va en direction d’Oppdal, nous sauterons sur l’occasion. De retour en ville on se trouve un hotel et on refait les plans pour demain. Nous voulions initialement passer par la Grødalen pour pénétrer dans le Dovrefjell mais finalement on opte pour la Dindalen. On gagne ainsi quasiment une journée de marche au global ce qui relaxe le planning et nous permettra de mieux prendre le temps sur place.
On aura tout de même bien marché aujourd’hui et on s’endort donc de bonne heure car demain on attaque enfin le gros du sujet !
Jour 3 - Dindalen
Et on se remet en route ! La douche a fait du bien hier soir mais c’est la dernière pour quelques jours.
Bus 901, quelques minutes et nous voilà « droppés » à Lønset. Nous attaquons par là car cela nous fait gagner un peu de marche et la montée est plus progressive.
Le début du chemin se fait sur une route/piste. Par particulièrement agréable, cette portion à l’avantage de permettre une progression rapide. Il fait bon aujourd’hui sous ce beau soleil. Après quelques kilomètres on rentre dans Dindalen. C’est une jolie vallée, parsemée de charmants chalets qui semblent inhabités pour l’instant. Au sud on aperçoit, l’extrémité du plateau où nous nous rendons.
Avant cela, courte pause à Dindalshytta, un refuge encore fermé en ce début de saison.
Allé, encore une petite montée qui une belle vue sur la vallée et nous y voilà, nous entrons dans le parc national de Dovrefjell. En haut nous sommes sur une sorte de plateau, c’est « plat » et le vent souffle très fort de face ici.
Encore quelques kilomètres fatiguant avec ce vent de face. Nous arrivons en vu du lac de Snøfjellstjønna. Il y a pas mal de jolies cabanes ici, certaines assez grosses d’ailleurs mais personnes en vue. Je pense que les gens montent peu en cette saison.
Quelques traversées faciles de rivières (de rochers en rochers) et nous arrivons à un gros chalet au pied de la montée côté ouest du lac. Comme le vent souffle toujours aussi fort, on utilise le chalet pour s’en protéger. Il n’y a personne ça dérangera pas. Il y a même une table à l’extérieur parfaitement protégée. On se pose donc, fin de la journée de marche.
A l’abri du vent et au soleil il fait bon. Nous profitons de l’après-midi en admirant les lumières sur le lac qui varient de minutes en minutes.
Nous installerons la tente sur les hauteurs, protégée du vent par une colline, près du lac il y a trop d’humidité.
Soirée traditionnelle : saucisson, fromage, lyophi, sac de couchage, lecture, dodo.
Une première bonne journée, on a pas fait beaucoup de kilomètres mais au moins nous sommes enfin dans le Dovrefjell en lui-même. Demain nous progresserons plus au cœur du parc.
Jour 4 - Plus loin dans le Dovrefjell
La nuit a été bonne malgré le vent. La bonne nouvelle est qu’il est tombé ce matin ! On peut donc se préparer au calme.
Nous partirons le bonne heure. Le chemin commence par l’ascension de la colline à l’ouest du lac. Du haut la vue est appréciable :
Les paysages s’ouvrent et offrent une belle vue sur ce qui nous attend.
Le terrain est composé de lande rocailleuse à perte de vue. Beaucoup de rochers affleurant ce qui rend la marche assez ludique et pas ennuyante. Au loin le massif du Snøhetta surplombe le parc.
Il n’y a pas de sentier à proprement parler mais des cairns comportant souvent un point ou un « T » rouge sont régulièrement espacés afin de faciliter l’orientation ce qui est bien pratique dans ces paysages où tout se ressemble.
La progression est agréable. Nous ferons notre pause du midi à côté d’une toute petite cabane de chasseur (Pilbua peut être ?) avant de nous diriger vers une intersection aux environs du lac Urdvatnet. Il y a ici une large rivière à traverser mais heureusement des rochers ont été habilement disposé pour traverser à sec (avec un peu de gymnastique tout de même).
Nous passerons ensuite une colline vers 1500m d’altitude avant de redescendre vers le joli lac de Langvatnet.
La Nature offre parfois de jolie rencontre, c’est le cas durant la descente lorsque nous croiserons sur le chemin un petit nid contenant un œuf. Il n’y a pas d’arbre ici, les oiseaux se débrouillent donc comme cela. On ne s’attarde pas pour ne pas effrayer les parents qui doivent être dans la zone.
Nous ferons une courte pause à la cabane (de chasse ?) que l’on croise au nord du lac. L’heure étant déjà avancée, nous décidons de rester ici pour la nuit mais nous devons trouver un coin où poser la tente.
Nous nous trouverons une aire de bivouac absolument superbe sur une petite langue de terre au milieu du lac. La vue sur le Snøhetta est magnifique.
Nous commencerons par installer la tente avant de nous faire un thé bien chaud et de nous reposer au soleil !
Nous n’avons croisé personne aujourd’hui. Ni même d’animaux si ce n’est quelques oiseaux. Le sentiment d’isolement est donc complet. C’est toujours aussi agréable que perturbant parfois.
Nous nous sentons bien ce soir et les paysages n’ont de cesse de nous impressionner. On a l’impression d’être seuls au monde ici.
Cela a été une bien belle journée. On s’endort serein et nous avons hâte d’être demain pour découvrir la suite.
Jour 5 - Reinheim
Que peut-on espérer de plus que se réveiller bien au chaud dans son duvet au beau milieu de la Norvège sauvage… Bon, c’est vrai que sortir du duvet est moins plaisant mais il fait beau aujourd’hui et une bonne petite marche nous attend.
Rituel du matin classique et en route une fois tout bouclé.
La première étape de la journée nous mène à Åmotdalshytta, un gros refuge que l’on atteint rapidement depuis le lac. Personne en vue. Cela fait à présent 48h que l’on a croisé âme qui vive…
Aujourd’hui nous rejoignons Reinheim. D’ici 3 options s’offrent à nous : passer par le sommet du Snøhetta, emprunter un col à 1554m plus au NE ou bien une voie intermédiaire qui passe à 1698m. Nous choisirons cette dernière option (le sommet du Snøhetta nous semblait encore bien (trop) en neige en ce début de saison).
Les paysages sont bien plus minéraux à présent. Nous avons pris de l’altitude et même les herbes et les lichens semblent ne plus pouvoir tenir ici hormis quelques coriaces. Nous croiserons un lièvre au loin…seul être animé que nous croiserons aujourd’hui si on excepte quelques oiseaux.
Nous ferons notre pause au point coté à 1698m d’altitude, le plus haut de notre périple. Ici la vue sur le parc et le Snøhetta est saisissante. Il n’y a pas un bruit, pas un mouvement. Nous avons vraiment d’être les derniers ou les premiers humains sur terre…
La descente vers Reinheim sera rapide et assez facile si ce n’est quelques névés piègeux. Nous emprunterons le chemin que l’on croise vers Larsurda et indiqué par un panneau.
Arrivés à Reinheim, on découvre un autre ensemble de chalets qui ont l’air tout à fait cosys mais qui sont surtout fermés… Comme nous le disions en introduction, il faut avoir une clé pour profiter des refuges or nous ne l’avons pas. Nous serons un peu comme tantale à voir fauteuils, banquettes et poêle à bois au travers de la fenêtre…
Nous ne sommes pas si mal loti que cela car il fait beau malgré un vent assez fort. Si on s’en protège on est bien.
Nous sommes arrivés tôt aujourd’hui, nous pourrons donc profiter des beaux paysages environnants, du calme et de la solitude. Nous pourrons tout de même manger sur une table extérieure ce soir, on apprécie les petits confort.
Encore deux jours dans le Dovrefjell et toujours pas de bœufs musqués en vue ni de rennes… A vrai dire nous n’avons rien en vu depuis 2,5 jours hormis l’infini des paysages… C’est appréciable et nous nous sentons bien mais parfois ça donne un peu le vertige. Je ne sais pas ce que serait une telle aventure seul… Cela doit être étrange mais j’essaierai bien.
Jour 6 - Snøheim
Météo agréable au réveil ce matin. Encore une nuit loin du monde et au soleil. Nous remballons le camp pour une courte étape ce matin car nous allons à Snøheim à seulement 6km d’ici.
La route commence par une montée dans un grand névé ce qui nous permet d’admirer le paysage au loin. Une fois arrivés en haut on découvre un grand plateau très minéral et au loin du mauvais temps qui vient droit sur nous.
Pas le choix nous allons à la rencontre de la pluie que l’on voit se rapprocher rapidement. Nous serons en dessous au niveau du lac qui l’on longe par l’est. Il pleut dru ! Nous sommes rapidement mouillés, heureusement nous apercevons Snøheim au loin.
Je suis étonné de la taille du refuge car la carte annonce un « abri », on est ici en présence d’un très grand refuge. Toujours est-il que nous n’y sommes pas il faut encore marcher. On met donc la tête entre les épaules et on marche le plus vite possible dans la rocaille dérapante avec la perspective d’un abri voir même d’un bon feu dans quelques minutes.
Nous atteignons le refuge bien mouillés. La pluie a baissée en intensité mais il bruine encore avec beaucoup de vent. On se refroidit donc. Sur place, le calme nous intrigue…mais il est tôt peut être que les randonneurs ne sont pas encore arrivés… On chercher la réception : fermée !!
Le refuge est fermé ! Ça on ne s’y attendait pas … nous sommes le 16 juin pourtant ! Bon pas grave on va allé chercher le refuge d’hiver c’est déjà grand luxe.
Nous partons donc en quête de ce fameux refuge d’hiver… Version courte : il n’y en a pas. On fera le tour de l’immense refuge plusieurs fois et rien. Pas un abri d’ouvert pas une salle prévue pour les randonneurs. On tente de frapper au carreau si jamais il y a quelqu’un à l’intérieur, personne. On se résigne donc : le refuge est fermé, il n’y a personne et aucun endroit prévu pour des randonneurs hors saison, il pleut toujours et cela n’a pas l’air de vouloir s’arrêter… Il nous faut nous abriter.
Nous avons repéré une sorte de balcon couvert qui donne accès à des chambres. Heureusement pour nous il y a un petit banc et l’ensemble est assez isolé du vent. Je ne sais pas trop si nous avons le droit mais nous nous installons ici pour nous mettre à l’abri (au final on laissera le balcon dans l’état où nous l’avons trouvé je ne pense pas que l’on ait gêné…). Nous commençons par mettre des habits secs puis nous lançons le réchaud pour se faire un lyophilisé revigorant. On a un peu l’air de vieux chiens mouillés mais on est pas mal.
Nous nous installerons sous la couverture de survie après le repas pour faire une sieste au chaud et à l’abri du vent. Je suis toujours impressionné par l’efficacité des couvertures. On est bien là dessous, là sortie ne sera pas facile.
Après une heure ou deux passés sur le balcon nous avons envie de nous dégourdir les jambes surtout qu’il ne pleut quasiment plus. S’en suivra un long après-midi alternant balade pour se réchauffer et repos/lecture. Nous passerons également beaucoup de temps à admirer les courses poursuites totalement folles des canards sur le petit lac à côté (on sent le niveau de distraction…).
Le soir nous nous abriterons pour manger à côté de la réception car la zone est à l’abri du vent. On sera pas si mal que cela finalement, nous aurons même un beau moment à écouter de la musique seuls au monde encore une fois. Voilà maintenant 3.5jours que nous n’avons croisé personne hormis un lièvre, quelques oiseaux et nos canards fous.
Jour 7 - Rencontres
Il a encore un peu plu cette nuit mais ce matin nous avons seulement du temps gris et un peu de brouillard. On prend le petit déjeuner à l’abri sur « notre balcon ». A la fin du repas, on entend un bruit de moteur ! C’est le gardien du refuge qui monte faire du bricolage. Voilà quasiment quatre jours que nous n’avions croisé personne, cela fait toujours bizarre car on a l’impression qu’un étranger entre dans notre monde qui se résumait à nous deux.
Nous plions rapidement la tente et nos affaires et nous reprenons la route. Nous entamons la descente qui se fait en suivant la piste qui mène à Snøheim. Le sentier n’est pas très beau mais les paysages compensent.
Plus bas, une fois sortis des nuages, nous apercevons au loin un 4×4 qui monte vers le refuge mais qui est arrêté pour le moment comme pour observer quelque chose … On passe donc en mode « vigilance » arrivés au niveau d’où était le 4×4.
C’est alors que nous les voyons : deux beaux bœufs musqués paisiblement en train de brouter. Nous nous rapprochons doucement en gardant nos distances. Finalement nous nous arrêtons à une centaine de mètre pour les observer.
Les bœufs sont de belles bêtes, massives et impressionnantes. Les deux spécimens que l’on a devant semblent paisibles et ne montrent aucun signe de stress ou d’énervement et on est très bien comme ça. On a pas cherché à se cacher en arrivant tout en restant calme et « humble » afin de ne pas paraître des menaces. Nous resterons peut-être 30min à les observer brouter non loin puis nous reprenons notre route contents d’avoir eu cette rencontre.
Nous continuons notre route à l’affût de nouvelles rencontres mais rien pour l’instant à part peut être deux petits points noirs à l’horizon.
Nous pourrions rejoindre Hjerkinn dans la journée mais nous préférons rester encore un peu dans la nature. Nous sortons donc du chemin vers les 2/3 de la descente pour bifurquer en direction du sommet nommé Kolla. Nous trouverons un super coin un peu plus haut non loin d’une charmante rivière avec une vue magnifique sur toute la zone et parfait pour surveiller les bœufs alentour.
Nous installons donc notre dernier campement du voyage. Une fois la tente montée, nous faisons une petite vérification de routine des alentours afin de voir si nos amis musqués sont dans les parages. Au loin, nous apercevons ce qui nous parait être deux silhouettes de bœufs. On décide de partir à leur rencontre afin de vérifier.
Simplement munis de nos appareils photos nous marchons donc en direction d’un point de rencontre. Nous confirmons au fur et à mesure que c’est bien des bœufs musqués, quelle chance ! Plus proche nous nous rendons surtout compte que ce ne sont pas deux ni trois bœufs musqués qui viennent à notre rencontre mais six au total !! Incroyable ! Il y a même trois veaux, on est aux anges. Ils remontent tranquillement la route et nous nous dirigeons un peu plus haut pour les regarder passer.
On est super content, quelle joie après tous ces jours sans rien voir. On se rapproche de la route et c’est là que l’on se rend compte qu’ils n’étaient pas six mais sept ! Le grand mâle est là à tout juste 50m. On tombe un peu « nez à nez », nous sommes surpris. On s’arrête donc et on ne bouge plus. C’est alors qu’un grondement absolument terrifiant empli l’air : le mâle nous fait clairement comprendre qu’il n’apprécie pas notre proximité. On recule donc tranquillement sans mouvement brusque.
Une fois nos distances prises on se met un peu à couvert mais le petit groupe de bœufs est en alerte et compense à repartir en arrière. Nous ne voulions pas les effrayer mais la présence des veaux doit les stresser. Ils rebroussent donc chemin mais bifurquent rapidement sur la gauche du chemin vers notre camp. On décide donc de les suivre à distance en restant discret.
Nous trouverons un bon poste d’observation sur une proéminence issue du passé militaire du parc (le parc a longtemps été un champs de tir de l’armée). De là nous pouvons observer toute la famille à convenance en gardant nos distances. Le mâle nous a vu mais ne semble pas inquiété vu la distance.
C’est extraordinaire de voir ce genre de bête batifoler librement dans la toundra, observer les petits allaiter, courir après leur mère, le tout sans personne et dans le plus grand calme. C’est un très beau moment.
Le mâle est splendide. Il veille paisiblement et guide la troupe. Il émane la puissance et la force.
Nous passerons un long moment à les observer là, sans chercher à interagir ou à se rapprocher. Nous retournons ensuite à notre camp, bien heureux de ce moment !
Il est tôt et il fait beau. Nous passerons l’après-midi à bouquiner au soleil.
Un peu plus tard les bœufs se rapprocheront eux-même de nous tout en restant à distance. Ils se poseront même quelques temps pour une petite sieste, nous les imiterons.
La fin de journée sera calme avec les bœufs musqués non loin. Nous commençons la liste des derniers : dernier repas dans la nature et dernier coucher en bivouac. Les bœufs ont établi leur « camp » pour la nuit à 400m de nous. Il pleuvra un peu en ce début de soirée, quelques ondées mais rien de méchant.
Cette journée a été superbe et emplie d’image qui se transformeront rapidement en souvenir. Être là au contact de ces animaux presque préhistorique dans ce cadre magnifique et dénué de toute humanité c’est formidable. Nous avons de la chance.
Jour 8 - Retour à la civilisation
Dernier réveil au cœur du Dovrefjell. Les bœufs ont continué leur route ce matin. Nous plions la tente et de retour sur le chemin nous continuons en direction de Hjerkinn.
Le chemin est rapide et sans grand intérêt au fur et à mesure que l’on descend. Une fois sur place, plutôt que de retourner tout de suite à Oppdal, nous optons pour monter au Snøhetta viewpoint qui offre une vue saisissante sur le parc. Une dernière montée nous attend pour rejoindre le fameux bâtiment au sommet et le panorama se dévoile.
Ce point marque la fin du trek. Nous finissons par un pique nique face à cette vue superbe en appréciant les kilomètres parcourus.
Il ne nous reste qu’à retourner à Oppdal pour ensuite reprendre le train et l’avion de retour demain.
Conclusions
Cela doit faire la sixième fois que je pars en Scandinavie et je ne m’en lasse pas. Le Dovrefjell propose un visage encore différents d’autres parcs norvégiens ou suèdois. J’ai été étonné par l’isolement que nous avons vécu durant la première partie du trek. Je pense que cela est en parti dû à la saison mais tout de même … Même au Sarek on a croisé plus de monde…
La rencontre avec les bœufs musqués a été un beau moment et justifie à elle seul que l’on passe par le parc. J’ai rarement eu l’occasion d’être « au contact » avec de gros mammifères dans un environnement sauvage, c’est une belle expérience à vivre.
N’oublions pas Innerdalen et son panorama incroyable. De la même façon, n’hésitez pas à y faire un tour si vous êtes de passage.
A seulement une demie-journée de voyage, le Dovrefjell et sa région offre donc de très belles possibilités de randonnées sauvages, loin du monde et au sein d’un parc somptueux.